L’Agence Bio note, dans son dernier baromètre, que « les produits bio sont pénalisés par une image prix défavorable ». Et vous serez peut-être d’accord avec cette affirmation. Entre ressenti du consommateur, inflation et réalité du marché, où se situe la vérité ? Dans cet article, nous allons décortiquer le prix d’un produit bio. Vous comprendrez aussi que l’impact d’une alimentation estampillée AB va bien au-delà de votre assiette. Et ce point risque bien de vous surprendre ! Enfin, nous vous aiderons à faire vos courses tout en maîtrisant votre budget.
Une alimentation estampillée AB va bien au-delà de votre assiette !
Comprendre le prix d’un produit bio
Dans un aliment bio, vous trouvez…
L’ensemble des coûts nécessaires à sa fabrication. Jusque-là, rien de nouveau. En revanche, l’agriculture biologique emploie 30 % de main-d’œuvre supplémentaire, pour compenser l’action des pesticides de synthèse interdits. De plus, les producteurs et les entreprises assument la totalité des frais de certification. Un organisme indépendant vérifie chaque année qu’ils respectent le cahier des charges européen. Vous achetez donc la garantie d’une fabrication selon les normes en vigueur.
Enfin, les rendements bio sont plus faibles qu’en conventionnel. Les animaux sont élevés sur de plus longues périodes et de plus grands espaces. Les productions végétales peuvent enregistrer davantage de pertes liées aux ravageurs. Tout ceci affecte les quantités, donc le prix.
En revanche, vous ne payez pas pour…
Les pesticides et les engrais de synthèse, dont les coûts ont beaucoup augmenté ces dernières années. Avec les aides publiques à la production, ces hausses sont lissées dans le montant final. Vous n’achetez presque plus d’additifs, conservateurs et autres colorants, les fameux « E… ». En bio, il y en a très peu et ils sont naturels. On les remplace par des ingrédients plus nobles ou des procédés de transformation souvent plus onéreux.
Au final, vous savez que vous achetez…
Des aliments sains issus de filières artisanales, locales ou régionales. Le secteur traite des volumes moins importants qu’en conventionnel. Ce qui compromet les possibilités de réaliser des économies d’échelle. D’ailleurs, le marché est plutôt constitué de fermes, d’entreprises de transformation et de distribution de taille humaine, ancrées sur leur territoire. Rappelons que 83 % des denrées bio consommées en France (hors produits exotiques) proviennent de France.
Adopter une alimentation bio a plus de bénéfices que vous le pensez !
À titre individuel, nous mangeons souvent bio pour préserver notre santé. De nombreuses études démontrent les qualités nutritionnelles des aliments bio. Les consommateurs réguliers ont moins de risques de développer obésité, diabète de type 2 et certains cancers.
En revanche, on ignore l’étendue des impacts positifs de la bio à l’échelle de la société. Prenons un exemple. L’interdiction des engrais et des pesticides de synthèse a un effet bénéfique sur la qualité de l’eau. Imaginons que l’on convertisse les terres autour de toutes les zones de captage d’eau potable. Leur traitement deviendrait superflu, avec, à la clé, des économies substantielles. Il en va de même en matière de biodiversité, de fertilité des sols ou de pollution de l’air.
À l’inverse, la production agricole actuelle a des impacts négatifs invisibles à l’achat. Michel Duru et Anthony Fardet, tous deux chercheurs à l’INRAE, ont réalisé des travaux sur les coûts cachés de l’alimentation. Ils estiment que pour 1 € de nourriture consommée, on peut ajouter 1 € supplémentaire de dépenses indirectes pour la société. Parmi elles, les frais de santé, les pollutions environnementales ou le gaspillage.
Le panier de courses conventionnel revient, en fait, au double de son prix ! Or, on évalue le surcoût d’un produit bio en moyenne de 15 à 30 % seulement. Sans considérer les bénéfices écologiques non chiffrés de la bio, le rapport se retrouve nettement inversé en faveur de celle-ci !
Y trouver son compte tout en soutenant le secteur bio, c’est possible !
En bio, pas de cachoteries sur les prix ! Pourtant, le budget que vous consacrez à vous nourrir vous semble toujours important. Cela, même si vous êtes convaincu des nombreux bienfaits d’adopter une alimentation plus saine.
Alors voici 5 conseils pour vous aider à maîtriser vos dépenses :
- Privilégiez les circuits courts d’approvisionnement : vous éviterez l’empilement des marges.
- Mangez des fruits et légumes de saison : non seulement leur goût est délicieux, mais en plus ils sont moins chers !
- Achetez local : la vente directe limite les intermédiaires. Vous soutenez aussi les producteurs et entreprises de votre région.
- Végétalisez vos repas : moins de viande et de meilleure qualité permet de réduire le prix de votre panier.
- Pensez au vrac : ajustez les quantités, débarrassez-vous des emballages et vous réaliserez aussi des économies.
En appliquant ces conseils, vous vous assurez de payer le montant le plus juste possible pour une alimentation saine, durable et issue de filières locales.
Adeptes de la première heure ou consommateur occasionnel, vous avez maintenant toutes les clés pour comparer produits bio et conventionnels. Leur prix, bien sûr, mais aussi leur coût ! Et à l’heure où les crises agricoles et environnementales se télescopent, ça peut faire toute la différence ! Pensez-y !